Le cinéma français et les minorités

Le cinéma français fait-il de l’ombre aux minorités ou est-il en phase avec les réalités sociales ?
La production cinématographique se pose la question de la représentation des minorités qu’elles soient religieuses, sexuelles ou ethniques.
Le grand écran n’est que le reflet de nos société civiles contemporaines, elle doit donc proposer un large panel de représentations ethniques, religieuses, sociales et sexuelles.

Le film français est-il en pleine évolution de son art ? Comprend-il l’importance de son rôle dans l’intégration ? Le cinéma comme vecteur d’une image sociale positive et d’une représentation.

La haine de mathieu kasovitz un étendar pour le cinéma de banlieu

Origine du cinéma dit de banlieue

La naissance du cinéma de banlieue est née de la nécessité de voir apparaître un nouveau type de cinéma, représentatif d’une frange de la population déjà marginalisée géographiquement et donc socialement.

Le cinéma redonne à ces quartiers, la possibilité d’entrevoir les problèmes sociaux et inter-ethniques mais aussi concevoir une place pour les habitants de ces quartiers issus pour la plupart de l’immigration post-coloniale.

Il n’est pas à oublier que le cinéma comme tout autre art est un vecteur énorme et positif de valeurs sociales; la représentation à l’écran doit équivaloir à une représentation dans la société civile.

Le fait que les minorités ethniques ne soient présentes que depuis peu de temps, tient à la question de la représentation ethno-raciale de la société française; il va s’en dire que le cinéma n’est que le reflet de situations existantes ou réalistes.

L’importance du contexte social

Quels sont les sujets du cinéma des minorités ethniques en France ?

Le cinéma des minorités se consacre distinctement à faire de la minorité un sujet à part entière notamment dans le film culte « La haine » en 1995 ou dans un registre plus léger «Amour sur place ou à emporter » qui raconte l’histoire d’un couple mixte français d’origine africaine et maghrébine.
A l’inverse, certains films font de l’acteur, malgré son appartenance à une communauté, un élément non représentatif d’une ethnie.

Les productions françaises sur la question de l’ethnie au cinéma doit être capable de mener habilement le combat de la pluralité en proposant des acteurs représentatifs de la société et dépasser les clivages ou les images pré-fondées pour être capable de faire de la minorité, une population à part entière et non clivante ou stigmatisante.

Cinéma des minorités : entre larmes et rires

Le cinéma français a créé un cinéma des minorités en 2 espaces; d’une part, les films ayant pour thème la fracture sociale, le chômage, les problèmes liés à la dépendance, les relations inter-ethniques ou encore la situation marginalisée des cités face à la société, d’autre part, les films a caractère de divertissement, atteignant des niveaux au box-office que d’autres acteurs sont en droit d’envier.

Même si on décrit souvent le film de divertissement comme une fausse représentation des minorités en France; à l’image de Samy Nacéri qui joue le rôle de David. Ce cinéma a le mérite de donner une place aux acteurs issus de l’immigration et ainsi leur faire accéder à des rôles plus importants, intéressants ou gratifiants. Peu important, finalement, si la qualité du film n’est pas de mise, Taxi a tout de même donné une visibilité à des acteurs issus de minorités ethniques.

Pénurie de rôle ou de comédiens ?

Bien au-delà, la question des acteurs issus de minorités est plus une question liée aux origines des réalisateurs de films qui, censément, élaborent leurs projets en fonction de leurs histoires personnelles, leurs ressentis.
Ne manquerait-il pas des créatifs issus de minorités ethniques plutôt que des acteurs ?
La plupart des projets cinématographiques sont initiés par des hommes et des femmes non issus de minorités ethniques, les sociétés de production ne tendent donc pas vers la production de projets cinématographiques faisant état des problématiques propres à certaines minorités comme les questions liées à la double culture, l’enclavement géographique et social, la perte de repères, le poids des traditions d’origine, …

Il est donc d’une importance capitale de développer la représentation des minorités ethniques, sociales et sexuelles de manière générale dans le cinéma afin de donner une visibilité à celles et ceux que la société civile a marginalisé et que les sociétés de production ont boudé par peur de déficit d’attractivité des films ayant une représentation ethnique ou autre minoritaire.

Les castings en France doivent faire état d’une représentation plus importante des artistes d’origine étrangère et de diverses orientations sexuelles, donner une plus grande place à la diversité des représentations car les minorités ont évolué, les enfants et petits-enfants d’immigrés ont eux aussi changés de caractéristiques sociales, géographiques et culturelles, les repères ont mû et ces nouvelles générations n’ont pas assez de représentations.

Je tenais pour toutes ces raisons tirer mon chapeau à «Black Panther», une production hollywoodienne qui a eu l’intelligence de mettre en lumière tout un parterre d’acteurs talentueux blacks, un casting novateur et qui fait du bien à l’ego de la population afro-américaine mais pas seulement, la représentation de l’Homme noir fort, courageux et puissant véhiculera une image positive et nécessaire dans une Amérique divisée.

Merci Marvel !